mercredi 31 juillet 2013

Rob crow Living Well

Living Well is likely the most cohesive album to bear Rob Crow's full name on the cover-- he of Thingy, Heavy Vegetable, collaborations with mainstream alt-metallers and underground instrumental heavyweights, Clorox Wipes commercials, novelty-metal projects named for goblin appendages, goofy solo records devoted to arcane instruments, and the perpetually almost-blowing-up-huge Pinback. No slight intended to his "day job": Pinback are where they are because they're consistent and throw very few curveballs. Fans know what to expect; critics know what to say.

Likewise, Living Well is remarkably consistent, carries plenty of commonalities with Crow's best-known project, and bears purchase if you own more than one Pinback record. Should you have never loved Pinback (if maybe you loved the quirk of his earlier projects), this record will probably leave you cold as well. Crow's worked well in many other contexts-- notably the Ladies-- because he's a remarkably talented but pop-minded and un-showy musician, and he's got that voice. On cluttered and quirky early records and side projects built on left-turns and showmanship, it's a beacon for a listener. On the pristine, nearly mathematical precision pop of Pinback, it can get a little vanilla. It's no surprise that, by himself and without a gimmick, he's made a pretty straightforward guitar pop record.

Straightforward doesn't necessarily mean dull, however. Nothing on Living Well will blow your mind, but there are several great songs and always a few details to hold your interest through the lesser moments. Crow plays every instrument here, with only occasional drums, and mostly loops and drum machines. "Bam Bam" (recorded too soon to be a tribute to late wrestler Scott "Bam Bam" Bigelow, alas), is a sparse guitar-and-voice arrangement that adds a galloping banjo in its final moments. "Over Your Heart" boasts a nearly imperceptible shift in key and rhythm, making it a serviceable pop song in passing, but more rewarding with closer attention. Even the tepid chug of "Burns" has a leaky-tire hiss and a few electronic bells and whistles, tastefully deployed to add atmosphere to what's essentially a demo throwaway. These small touches are the mark of a musician who gets bored easily, but doesn't forget his audience.

To be honest, the tracks with real drums might be less rewarding, like the jangly "Leveling" that's introduced by some infant gurgling, or the aimless strum of "Chucked". Maybe that's due to the front-loaded nature of the disc, as the smoothness of early tracks like "Taste" and "Up" are hard to deny, but the charm wears a little thin in later tracks that try too hard, like the forced gypsy-march tune "Liefeld" or the zombie-shuffle "Ring" (though there's some fun vocal manipulations near the end of that one).

Crow's not nearly as prolific as, say, Robert Pollard, but there are similarities: brevity, for one, as "I Hate You, Rob Crow" could be the catchiest 1:13 in the man's catalog (hilariously, the "single version" at the end of the record is significantly longer). And while Crow's output is a molehill to Pollard's mountain, they're both prolific, not afraid of collaboration, and always identifiable despite the new contexts they may try to shoehorn themselves into (like Goblin Cock). He may have some far less-cohesive solo records behind him, but thus far, Crow's more consistent than not, and he's maintained that ratio through all of his extracurricular projects. Living Well is a testament to that. The unpretentious photos of Crow in the cover and liners, chilling out in a fine black metal tee and posing with babies and pumpkins, is enough to let you know that this is a laid-back affair. Is Rob in a Mellow Mood occasionally predictable? Sure, but there's nothing promised here that isn't delivered on, no premise underachieved. It's exactly what you'd expect, and that shouldn't be a problem with anybody who's followed him through the years. As long as he keeps Zach Hill's number in his phone, it's not a problem with me, either.

samedi 20 juillet 2013

Julien Pras Shady Hollow Circus


De retour d'une escapade en territoire stoner avec les incandescents Mars Red Sky, l'orfèvre Julien Pras reprend, pour notre plus grande joie, le fil de sa discographie solitaire. Après avoir laissé libre cours à ses penchants folk sur un lumineux essai introductif ("Southern Kind of Slang", 2010), le Bordelais revient ici à ses amours pour une pop à l'architecture ambitieuse, assez proche en cela de ses travaux passés aux commandes de son groupe Calc. En faisant le pari gagnant de varier les arrangements et les atmosphères (les cordes tourmentées de "Missionary Run" ou le piano en apesanteur de "White Lies" répondant ainsi aux boiseries accueillantes de "Angel of Mercy" ou "Here on the Moon"), il offre à ses nouvelles chansons une épaisseur et une ampleur inédites, et signe par là même un album incroyablement abouti.
Le songwriter décoche d'entrée l'une de ces imparables flèches dont il s'est fait, depuis des lustres, l'un des plus éminents spécialistes : "Seven More Hours" est un morceau d'une simplicité désarmante, dont l'orgue entêtant confisque votre mémoire comme le plus tenace des souvenirs. On aurait certes préféré éviter de ressasser à nouveau la proximité tant évoquée avec un fameux chanteur de Portland aujourd'hui disparu (Elliott Smith pour ne pas le nommer), mais on ne pourra malgré tout s'empêcher d'imaginer que cette grande chanson d'ouverture est un peu son "Son of Sam" à lui. Cette évidence, on la retrouve souvent, au long des douze chapitres qui constituent ce "Shady Hollow Circus" (dont le titre renvoie au quartier habité aux Etats-Unis par le musicien, alors enfant, et sa famille). Pourtant, derrière ses traits académiques, l'écriture de Julien Pras dissimule en arrière-plan une luxuriance et une profondeur impressionnantes, à l'image d'un "Ghost Patrol" ou d'un "Funeral Mute" à la construction fascinante, ou bien encore d'un "Radio Silence" rempli de chœurs angéliques. Autant d'atouts majeurs qui permettent à notre homme de jouer dans la cour des (très) grands : il parvient ainsi à évoquer naturellement la majesté des Zombies ou des Fab Four mais aussi, plus près de nous, le génial et scandaleusement méconnu Kevin Tihista ("Daily Battles"). Tutoyant les maîtres anglo-saxons, Julien Pras plane encore une fois au-dessus de la mêlée pop hexagonale.

Franz Ferdinand Love Illumination

Franz Ferdinand will release their new album Right Thoughts, Right Words, Right Action on Domino on August 27 in the U.S. and August 26 in the UK. It's their first release in four years. Today they let go of two new tracks, "Right Action" and "Love Illumination". The former was produced by Joe Goddard and Alexis Taylor from Hot Chip and mixed by Dave Fridmann. Hear both below. The tracks are being released on a double-A side single today. Franz Ferdinand's current tour dates are also below, as well as a trailer for the album.


mavis staple one true vine


L’histoire récente de la musique est bourrée d’exemple de collaborations entre jeunes et vieux. Mais s’essayer à en citer quelques uns relève de l’exercice aussi vain qu’interminable. Par contre, on peut affirmer que les résultats, en plus d’être de qualité variable, ne témoignent pas toujours d’un juste équilibre dans la répartition des tâches ou des responsabilités – entre le jeunot talentueux mais trop respectueux et la vieille branche qui se croit sortie de la cuisse de Jupiter, ça coince souvent. Mais parmi les plus belles unions de ces dernières, on garde à l’esprit celle entreJack White et Loretta Lynn. A l’époque (en 2004), celui qui était encore au sommet de la hype avec lesWhite Stripes à 28 ans seulement essayait ses techniques de production sur le nouvel album d’une légende de la country alors âgée de 72 ans. Un résultat d’une cohérence folle et d’une rare beauté, malheureusement trop peu relayé de ce côté-ci de l’Atlantique.
Heureusement, le nouvel album de Mavis Staples sert d’occasion rêvée pour s’offrir une petite séance de rattrapage et commencer le papier autrement que par un copier/coller de la biographie récente de la dame. Car pour la deuxième fois en trois ans, la septuagénaire fait appel à l’un des songwriters les plus géniaux de sa génération, Jeff Tweedy. Ici aussi, c’est principalement en sa qualité de producteur que le boss de Wilcoofficie, mais se permettant également de jouer de tous les instruments sur le disque (sauf la batterie, laissée à son fils Spencer) et offrant même trois compositions à celle qui a longtemps été une figure de proue de la défense des droits civiques aux Etats-Unis. Et donc, trois ans après Your Are Not AloneOne True Vines’affirme comme le mariage parfait entre le gospel traditionnaliste d’une Mavis Staple qui a compris qu’à son âge il ne fallait certainement plus en faire des caisses pour en foutre plein la vue, et les valeurs folk d’un Jeff Tweedy tout aussi apaisé et serein que sur les derniers albums de Wilco.
Ainsi, à la voix posée mais tellement évocatrice de Mavis Staples vient se greffer la production mi-gospel mi-americana du songwriter chicagoan, pour un résultat à la fois émouvant et attachant. Lent certes, mais tellement élégant. Car si certains reprocheront à One True Vine une certaine apathie, c’est probablement parce qu’ils seront passés à côté de ses intentions véritables du projet: One True Vine est de ces disques qui prennent le temps de se poser pour mieux revenir sur les aléas d’une vie qui, dans le cas de Mavis Staples, n’aura pas manqué d’être exceptionnelle. Une vie où les grandes joies et les petits bonheurs ont été aussi nombreux et importants que les longs passages à vides ou les moments de tristesse indicible. One True Vineserait-il la plus belle biographie de Mavis Staples écrite à ce jour ? C’est bien possible…